À Sète, le MIAM collectionne les emballages d’oranges dans une expo étonnamment passionnante

Les voyez-vous ? Tout autour de vous, dans les rayons des supermarchés et sur les étals des primeurs, ces petits dessins et travaux de graphistes peuplent la vie courante.

À Sète, le musée international des Arts modestes (MIAM) attire notre regard depuis son ouverture en 2000 sur ces œuvres discrètes, dont une collection spectaculaire est réunie au dernier étage par Bernard Belluc, artiste autant que chineur et accumulateur d’emballages, de jouets et d’objets.

voir toutes les images

« Il n’y a pas d’artistes modestes, il n’y a que des collectionneurs modestes », disait Hervé di Rosa, cofondateur avec Belluc du MIAM. Leur nouvelle exposition temporaire confirme et signe, puisqu’elle est entièrement consacrée aux papiers d’oranges, et plus largement à ces dessins qui couvrent les sacs plastiques ou les feuilles de Sopalin. Le tout est collectionné par des passionnés ou repris, voire détourné, par des artistes.

Une beauté insoupçonnée

La première partie du parcours débute sur les collections de papiers de soie que le MIAM a reçu en donation. Celle-ci offre l’occasion aux commissaires de les réunir par thèmes, et de donner différentes clés d’analyse de l’iconographie diffusée, mine de rien, au fil des emballages de notre quotidien : imagerie folklorique, paysages méditerranéens idéalisés, vitamines vivifiantes, jeunes et jolies femmes associées à la fraîcheur des produits…

voir toutes les images

Politique, cet éclairage ne boude pas son plaisir d’aligner ces images soignées, parfois parfaitement composées et affichant une palette de couleurs chatoyantes. On est parfois troublé de se dire qu’on a tant de fois eu sous les yeux ces petits papiers de rien sans les regarder, sans voir leur beauté discrète, fragile malgré les circuits de grande distribution que leur usage sous-entend.

Des collages d’artistes sur du Sopalin

À l’étage, place aux artistes : on s’arrête longuement sur les sacs en plastique collectés par l’architecte Éric Monin, tous illustré de bâtiments et de constructions diverses. Ou encore sur les feuilles de Sopalin couvertes de collages par le duo Mazaccio & Drowilal, lesquels entrent en dialogue de façon facétieuse avec leurs naïfs motifs de fleurs, de fruits et de paysages.

voir toutes les images

De quoi nous inciter à voir dans les objets les plus quotidiens de potentiels supports de l’imaginaire… Comme le disait Robert Filliou : « L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art. »