Les merveilleuses sculptures de brume de la créatrice Yiqing Yin exposées à Calais

Faites d’organza de soie, de mousseline ou de plumes, les créations textiles de Yiqing Yin sont bien plus que des robes. Ourlées de mille plissés qui se froncent et se contorsionnent pour composer des formes étranges, elles ont l’étoffe de sculptures vivantes, organiques. Telles des créatures hybrides et dansantes, des nuages qui lentement se transforment, ces tenues de contes de fées, parfois brodées de perles ou de cristaux, incarnent la magie de l’insaisissable.

Tour à tour, l’œil y voit une fleur, la nageoire d’un poisson merveilleux, un souffle de vapeur ou un bouillon d’écume. L’une d’elles, dont le jacquard moucheté de bleu et de rouge évoque les ailes d’un papillon rare, s’admire comme une grande peinture.

D’autres semblent constituées de neige, de corail, de bois séché, de lianes ou de cheveux. L’univers féerique de Peau d’Âne se mêle à une forme d’animalité et d’inquiétante étrangeté, certaines robes évoquant des écorchés de planches anatomiques, des fleurs carnivores, des liens de bondage ou des ossements chamaniques.

Une créatrice brillante

Ces envoûtantes rêveries de fils sont à admirer à la Cité de la dentelle et de la mode à Calais, au sein de la toute première exposition monographique consacrée à Yiqing Yin, première créatrice de mode d’origine chinoise à avoir reçu l’appellation « haute couture ».

Née à Pékin en 1985 puis arrivée en France à l’âge de quatre ans, son nom n’est pas très connu du grand public, mais son immense talent a vite fait décoller sa carrière : diplômée de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris en 2009, elle a fondé sa maison de couture dès 2011, reçu plusieurs prix, habillé Audrey Tautou et Marion Cotillard, et répondu à des commandes prestigieuses – notamment en créant des costumes de ballet pour l’Opéra de Florence, et une robe divine pour le court-métrage publicitaire du parfum Shalimar de Guerlain.

La magie de la mode

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Orchestrée par l’artiste avec la commissaire Sylvie Marot, cette exposition fait dialoguer 60 de ses créations (datées de 2009 à 2025) avec des poèmes de sa main, des parfums à humer (imaginés avec Dominique Ropion), de superbes photographies (dont beaucoup signées Laurence Laborie), des croquis, des vidéos et un aperçu de ses inspirations artistiques (Hans Bellmer, Karl Blossfeldt, Takato Yamamoto et Étienne-Jules Marey…). Le tout forme une grande installation multisensorielle où les robes luisent dans l’obscurité, flottant comme en apesanteur, éblouissantes et lumineuses comme de la nacre… De la magie pure !