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Niki de Saint Phalle, Hon
© Niki Charitable Art Foundation / ADAGP, Paris, 2025 Photo © Hans Hammarskiöld Heritage
Forum du Centre Pompidou, juin 1977 : six mois après l’inauguration de ce lieu culturel d’un genre nouveau, enfant de Mai 68 conçu pour les artistes et le public, le Crocrodrome du collectif Zig et Puce transforme l’immense hall d’accueil en une délirante et joyeuse fête foraine.
Pensée comme une œuvre collective et participative, cette installation éphémère, évoquant aussi bien un dragon qu’un navire ou un palais, déploie sur une trentaine de mètres des jeux et animations destinés à toutes les générations, avec un train fantôme, un flipper géant, un monstre délirant et aussi un musée du fétichisme et une boutique de souvenirs. Drôle et ludique, l’œuvre porte aussi en elle les aspirations anarchistes de l’établissement qui, en affirmant l’autonomie de l’art et du public, entend révéler à ce dernier qu’il peut être moteur de création, acteur de sa visite et donc de sa propre vie.
Une fois l’événement achevé, l’installation construite in situ par les artistes sous les yeux des passants (sans respecter le moins du monde les normes de sécurité) sera détruite, comme prévu, afin de ne pas tomber dans le circuit mercantile du marché de l’art.
Derrière cette folie douce qui fait souffler un vent de liberté sur la très sérieuse institution muséale, se trouve le célèbre couple d’artistes formé par Niki de Saint Phalle (1930–2002) et Jean Tinguely (1925–1991), mais aussi une figure un peu oubliée depuis, celle de Pontus Hultén (1924– 2006), premier directeur du Centre Pompidou. Décloisonnant les arts, les propositions révolutionnaires de cette personnalité atypique venue de Suède bouleversent la muséographie.
Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely dans leur atelier à la Commanderie des Templiers de Dannemois (91), en 1964.
© Centre Pompidou, MNAM-CCI Bibliothèque Kandinsky, Dist. GrandPalaisRmn / Fonds Shunk et Kender
« Pontus a l’âme d’un artiste plutôt que d’un directeur de musée. »
Niki de Saint Phalle
Pontus Hulten envisage les accrochages comme autant de chocs visuels destinés à porter un regard neuf sur la création, avec l’ambition de faire du musée un lieu de vie, et de la visite, une expérience participative mêlant émotion et réflexion. Son credo : « Toutes les choses difficiles intéresseront le grand public si elles sont présentées avec soin. » Ce qu’il s’appliquera à mettre en œuvre dans tous les établissements qu’il dirigera et pour chaque exposition dont il aura la charge – au Moderna Museet de Stockholm, au Centre Pompidou, au Museum of Contemporary Art à Los Angeles, au Palazzo Grassi à Venise, à la Kunstund Ausstellungshalle der BDR à Bonn.
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En 1966, au Moderna Museet de Stockholm, les visiteurs pénètrent à l’intérieur de Hon, œuvre monumentale réalisée par Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely et Per Olof Ultvedt. Les artistes ont été invités par Pontus Hulten, directeur de l’institution, qui participa aussi à la fabrication de la sculpture.