Les musées iraniens et israéliens mettent leurs œuvres d’art à l’abri des bombes

Au Moyen-Orient, les musées ont malheureusement l’habitude de devoir agir rapidement pour protéger leurs collections des bombes. Alors qu’ils se déchirent par frappes aériennes interposées depuis près d’une semaine – une nouvelle guerre dans laquelle les États-Unis envisagent d’intervenir en soutien à Benyamin Netanyahou –, l’État d’Israël et l’Iran ont chacun de leur côté pris des mesures pour mettre à l’abri leurs biens culturels, suivant des protocoles établis à l’avance en cas de danger imminent.

Dès vendredi 13 juin (jour où a débuté l’opération israélienne « Rising Lion », avec plus de 200 avions qui ont frappé une centaine de sites nucléaires et militaires iraniens), le vice-ministre iranien du Patrimoine culturel Ali Darabi a annoncé que les musées et sites culturels du pays resteraient fermés jusqu’à nouvel ordre. Le lendemain, l’Organisation iranienne du patrimoine culturel, de l’héritage et du tourisme a procédé au transfert d’œuvres et d’artefacts culturels à travers tout le pays pour les placer dans des lieux de stockage sécurisés.

Un patrimoine culturel riche en Iran

L’Iran est un pays particulièrement riche en trésors culturels. On y compte notamment 28 sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, dont le site archéologique de Persépolis, ancienne capitale de l’Empire perse achéménide, et le palais du Golestan, ancien palais royal qadjar situé à Téhéran.

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La capitale abrite également le musée national d’Iran, qui conserve la plus grande collection au monde de vestiges archéologiques et d’œuvres d’art perses, dont certains datent d’il y a 300 000 ans, et le musée d’Art contemporain de Téhéran, dont la collection d’œuvres signées des plus grands noms de l’art occidental (Picasso, Gauguin, Monet, Bacon, Warhol…), rassemblée dans les années 1970 par Farah Diba Pahlavi (épouse du dernier chah d’Iran, chassé en 1979 par la révolution islamique), est estimée à 3 milliards de dollars.

Deux importants musées israéliens ferment leurs portes

Plusieurs institutions israéliennes ont elles aussi déplacé, dès le 13 juin, des œuvres et artefacts précieux pour les placer en sécurité. Vendredi matin, le musée des Beaux-Arts de Tel-Aviv, qui renferme l’une des plus importantes collections d’art du Moyen-Orient (comprenant notamment des créations de Rembrandt, Picasso, Magritte, Dalí, Munch, Chagall et Rothko, ainsi que la plus grande collection d’art israélien de 1906 à nos jours) a retiré toutes les œuvres exposées dans ses salles pour les placer dans des lieux de stockage souterrains – le protocole habituel en cas de menace sérieuse. Cet établissement ainsi que le musée d’Israël à Jérusalem (l’un des plus grands musées du Proche-Orient qui conserve 500 000 pièces, dont un important fonds surréaliste et la collection Jacques Lipchitz) demeureront portes closes jusqu’à nouvel ordre.

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Lundi 16 juin, la Société pour l’archéologie iranienne – un groupe universitaire indépendant du gouvernement, qui travaille à l’étude et à la préservation de l’héritage archéologique et culturel iranien – a publié sur son compte Telegram une déclaration appelant de ses vœux la cessation des frappes israéliennes et iraniennes au nom de la préservation des vies humaines comme du patrimoine : « Le patrimoine culturel n’appartient pas seulement à une seule nation – c’est un héritage partagé par l’humanité toute entière, a-t-elle déclaré. Sa destruction revient à attaquer gravement l’identité, la mémoire et les fondements de la paix ».