En vidéo : Au musée national de la Marine, la grande épopée du photographe Jean Gaumy

« Je suis photographe et pêcheur. » Né en 1948 en Charente-Maritime, Jean Gaumy résume ainsi sa vie, sa mission.

Membre de l’agence Magnum et de l’Académie des beaux-arts, il est actuellement à l’honneur au musée national de la Marine à Paris, qui lui consacre sa première grande rétrospective.

Des pêcheries au pôle Nord

« Je ne prends pas une photo. Je reçois une photo. Et je reçois quoi ? Je reçois tout ce qui m’a construit depuis l’enfance. »

Un demi-siècle d’images raconte ainsi son œuvre, créée en suivant les hommes et les femmes qui vivent de la mer. Son premier reportage, il l’a fait dans une sécherie de harengs, auprès d’ouvrières – « des femmes qui avaient une énergie formidable. On sentait que ça allait disparaître », se souvient Jean Gaumy, qui a vu beaucoup évoluer le monde de la pêche.

Selon lui, les photographes ont des « antennes » : « On comprend bien que, tout à coup, quelque chose de l’ordre du visuel va nous quitter, va partir. » Cela concerne aussi bien les ouvrières, bientôt remplacées par des machines complexes, que l’instant T d’un naufrage, comme celui du pétrolier Erika saisi en 1999 au large de la Bretagne.

Une approche de la mer par la photographie

Timide, confie-t-il, Jean Gaumy aime à travailler en « huis clos », autrement dit au plus près des pêcheurs. Qu’il les photographie travaillant dans la tempête, riant ensemble ou se reposant un instant, serrés et tête-bêche. « Je ne prends pas une photo. Je reçois une photo. Et je reçois quoi ? Je reçois tout ce qui m’a construit depuis l’enfance. »

En regard de cette rétrospective, le musée de la Marine a réuni 130 images du monde de la pêche, datant du milieu du XIX^e siècle à nos jours et issues de ses collections. L’ensemble offre un bol d’iode, de vent et d’embruns émouvant, historique et surtout humain, qui raconte la relation complexe entre les hommes et la mer. Qu’il s’agit, désormais, de protéger.

Texte : Maïlys Celeux-Lanval